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les antinomies entre l’individu et la société

peut pas toujours aisément participer à des groupes franchement antagonistes. On ne peut décemment faire partie à la fois de la Confédération générale du Travail et d’une ligue pour la protection du capital ; de la Ligue des droits de l’Homme et de l’Action française. Pourtant l’extrême conséquence, possible et logique après tout de la loi sociologique de la multiplication des groupes serait la possibilité de changer de parti à volonté, selon son intérêt du moment ou même son caprice ou simplement par désir d’affirmer sa liberté ou enfin afin d’éviter la formation d’un groupe ou d’un parti trop puissant.

On voit que l’utilisation de la loi de l’entre-croisement des groupes comme moyen de libération individuelle a en réalité des limites et des limites assez étroites. Il faut tenir compte surtout de ce fait que parmi les groupes auxquels participe l’individu, il en est toujours un qui tend à dominer et à englober les autres. D’après M. Bouglé, ce groupe prépondérant est aujourd’hui l’État. M. Bouglé croit d’ailleurs que le triomphe de l’État rationaliste, moraliste et éducateur se fera pour le plus grand profit de la liberté dès individus. Cela nous semble fort douteux ; car tout État est conformiste par définition. Il l’est plus ou moins, mais il l’est. En tous cas, si l’État domine de plus en plus et englobe de plus en plus les autres relations, la libération de