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88 M bd
Formes avec afformante *ân

ālabe longue tonique ọ̄n[1]. À l’état cst. la forme est קִטְלוֹן, sans redoublement (généralement)[2]. Exemples : זִכָּרוֹן, cst. זִכְרוֹן, pluriel זִכְרֹנִים souvenir, שִׁבָּרוֹן brisement, פִּקָּדוֹן dépôt, עִצָּבוֹן dur travail, עִשָּׂרוֹן décime, צִמָּאוֹן terre aride, חִפָּזוֹן fuite éperdue, בִּטָּחוֹן confiance, שִׁמָּמוֹן désolation ; devant ר, qui ne peut être redoublé : עֵֽרָבוֹן arrhes, דֵּֽרָאוֹן horreur. — Dans les ל״ה on a de même חִזָּיוֹן vision (9 fois ; mais 36 f. חָזוֹן, cf. infra), הִגָּיוֹן réflexion, שִׁגָּיוֹן espèce de chant, גִּלָּיוֹן plaque polie, נִקָּיוֹן pureté, כִּלָּיוֹן anéantissement ; devant ר : הֵֽרָיוֹן grossesse. Mais à côté de ces formes fortes où le י apparaît, il y a des formes syncopées : חָזוֹן vision, עָוֺן iniquité, רָצוֹן bon plaisir, גָּאוֹן élévation, הָמוֹן tumulte, רָזוֹן maigreur, חָרוֹן fureur.

Dans les ע״י la forme est matériellement semblable à la précédente, p. ex. שָׂשׂוֹן joie (rac. שׂישׂ, inf. שׂוּשׂ) : sas + ān, à l’imitation de qatal + ān, comme קָם, דָּן imitent qatal ; זָדוֹן orgueil, לָצוֹן insolence[3].

Formes anormales : Dans אֲבַדּוֹן perdition, on a le redoublement de la 3e radicale (cf. Apoc 9, 11 ἀβαδδών). Dans Esth 9, 5 on a la forme araméenne אַבְדָן.

Dans Gn 3, 16 הֵֽרֹנֵךְ la forme semble fautive (l. הֶרְיוֹנֵךְ) ; la forme syncopée (non attestée) serait הֲרוֹנֵךְ*.

c Forme d’abstraits qitlān > קִטְלוֹן et קִטְלָן.

La forme hébraïque normale est קִטְלוֹן : כִּשְׁרוֹן succès, יִתְרוֹן avantage ; חֶסְרוֹן manque. Les formes קִטְלוֹן qu’on ne trouve qu’à l’état cst. peuvent venir de qitlān ou de qatalān § b ; ainsi cst. : פִּדְיוֹן rachat, פִּתְרוֹן explication, רִפְיוֹן relâchement.

La forme hébraïque anormale est קִטְלָן : קִנְיָן acquisition (cst. ◌ַ), בִּנְיָן bâtisse (état cst. non attesté), עִנְיָן affaire (cst. ◌ַ), seulement dans l’Ecclésiaste (aramaïsme).

d La forme qutlān est devenue קֻטְלָן (cst. ◌ַ) et non קֻטְלוֹן*, probt pour éviter la suite des deux voyelles trop semblables u- (cf. Broc-

  1. Comparer *qaṭṭaltem devenu qiṭṭa̦lte̦m, § 52 a N.
  2. Cette forme se confond avec la forme קִטְלוֹן (de qitlān) § c. À côté des formes qitlān et qutlān, la forme qatlān n’existe pas ; mais qatalān semble être une forme étendue de qatlān. L’état cst. קִטְלוֹן peut venir de ce qatlān.
  3. Mais dans ces formes le qameṣ n’est pas stable ; à l’état construit on a p. ex. שְׂשׂוֹן, sans doute à l’analogie des formes ל״ה, p. ex. cst. רְצוֹן.
        P. Joüon, Gramm. de l'hébreu bibl.
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