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l’accord final, et la toile tombe comme la foudre. Tel est le ballet italien.

On croira sans peine que plus tard j’ai dû voir d’autres ballets plus beaux, plus animés encore que celui-ci. La vivacité napolitaine mène ces spectacles avec bien plus de feu qu’on ne saurait le faire à Gênes ; mais j’étais à mon début, et jamais aucune autre caverne, jamais aucuns brigands, ni héroïnes de satin blanc, ni petits enfants frisés, ni tyrans peu délicats, ne m’ont fait autant d’impression que ceux de Floreska. Je puis me flatter d’avoir été, à la première représentation de ce ballet, le spectateur le plus neuf et le moins blasé de toute la salle. Par la suite, étant habitué au climat, nourri de macaroni et rafraîchi par l’eau à la neige et la limonade, je perdis ce sentiment du ridicule qu’on respire avec notre brouillard humorique ; le tyran m’effraya, l’héroïne m’intéressa ; l’enfant me fit sourire, et je ne pénétrai plus dans les cavernes qu’avec un movimento di orrore et tutto tremente du paura ; c’est pourquoi, ne voulant plus re-