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la comédie

« Car nous prenons vivement par l’oreille,
« Ce que l’amy nous dict, et nous conseille,
« Ne regardans s’il a bien, ou mal dict,
« D’autant qu’il est entre nous en credit,
« Et qu’il est creu de tout ce qu’il propose :
« Mais du haineux c’est bien une autre chose,
« Car s’il nous va conseillant nostre bien,
« Nous regardons, devant qu’en faire rien,
« S’il a bien dict, s’il y a apparence
« En ses propos de quelque vray-semblance,
« Et qui l’esmeut, à quelle occasion,
« Quel est son but, et son intention,
« Encor enfin il est en nous d’eslire,
« Si nous debvons prendre ou laisser son dire,
« Non de l’amy, qui se sent mesprisé,
« Si comme luy son conseil n’est prisé. »

Chœur

S’il est ainsi qu’aux ennemis on treuve
Quelque conseil, nous en ferons l’espreuve ;
Arrestons-nous, et cessons peu à peu
Nostre courroux, nostre ire, et nostre feu.

Genin

Nous sommes bien, ilz mattent leur courage,
Ilz vont laissant leur fureur, et leur rage,
Ne craignons plus leur félonne rigueur.

Cornard

Je n’ay encore en seureté mon cœur
Qui me debat d’une crainte certaine,
Ainsi qu’on void debattre une mitaine,
Qu’entre ses mains par passetemps soufflant,
On va d’un vent platissant et enflant.