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termes : débourrer et assouplir ou bien fortifier et endurcir. Dans les milieux ruraux, en général, le premier terme prédomine ; dans les milieux urbains c’est le second qui s’impose. Cela ne modifie guère les exercices mais très sensiblement la façon dont ils sont pratiqués.

On devrait attirer l’attention de l’instituteur sur la nécessité de varier beaucoup ses leçons afin de les rendre attrayantes à l’élève et d’obtenir de celui-ci cette collaboration éveillée sans laquelle il n’y a point d’éducation physique efficace. De brèves et fréquentes séances coupant les classes parfois à l’improviste et ayant lieu autant que possible en plein air ou sous un préau, les gammes de la gymnastique utilitaire : courir, sauter, grimper, lancer… souvent répétées dans des tons différents, l’alphabet du football ou du rallye enseigné en manière de récompense aux plus dégourdis… et tout cela s’accomplissant avec la prudence extrême qui s’impose vis-à-vis de familles encore murées pour la plupart dans leur routine méfiante. L’instituteur devrait insister sur les pratiques d’hygiène mais en se gardant là aussi d’empiéter sur les droits des parents dont il est si aisé de surexciter la jalousie.

En somme, c’est l’ambition de la perfection corporelle, c’est le goût de la force et de l’adresse dont il faudrait arriver à déposer le germe dans ces natures issues de générations fermées à la conception qu’une telle culture soit utile et même possible. Donc assez longtemps encore, l’instituteur se trouvera sur ce terrain placé en face de populations plus ou moins hostiles à ses initiatives. Or cette situation risque de le conduire au découragement. Il faut qu’il puisse compter sur quelque