Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/84

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Porte de l’orge et du froment, et les arbres sont chargés de fruits.
Ses troupeaux se multiplient ; la mer lui fournit des poissons.


Musée[1] et son fils accordent aux justes, au nom des dieux, des récompenses encore plus grandes : ils les conduisent après la mort dans les demeures de Pluton, les font asseoir, couronnés de fleurs, aux banquets des hommes vertueux, et là tout le temps se passe à s’enivrer, comme si une ivresse éternelle était la plus belle récompense de la vertu. Selon d’autres, les dieux ne bornent point là ces récompenses : l’homme saint et fidèle à ses sermens revit dans sa postérité qui se perpétue d’âge en âge[2]. Voilà sur quels motifs ils célèbrent la justice. Pour les méchans et les impies, après leur mort, ils les plongent aux enfers dans la boue, et les condamnent à porter de l’eau dans un crible : pendant leur vie, ils les vouent à l’infamie, et tous ces supplices, que Glaucon regarde comme le partage des justes qui passent pour méchans, ils les appellent sur la tête des méchans eux-mêmes et rien de

  1. Sur la vie de Musée et sur son fils Eumolpe, qui fonda les Mystères d’Éleusis, voyez Passow, Musæos, p. 21, præfat., et Creuser, Symbolik, t. IV, p. 342, sqq.
  2. Hésiode, Les œuvres et les jours, v. 282.