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PLINE.

lution de la lune ; d’où il résulte que les mouvements de ces deux astres ne se correspondent pas toujours dans les fractions de degrés.

VIII.

1(XII.) De telles considérations emportent l’intelligence humaine dans les cieux, et de là, comme du haut d’un observatoire, nous découvrons les dimensions des trois plus grands corps de la nature. En effet, le soleil tout entier ne pourrait pas être caché à la terre par l’interposition de la lune, si la terre était plus grande que celle-ci. 2L’immensité du troisième corps, du soleil, ressort par la comparaison, et il n’est pas nécessaire d’en demander les dimensions au témoignage des yeux ou aux conjectures de l’intelligence, ni de dire : Il est immense, car une ligne d’arbres plantés dans l’étendue d’autant de milles qu’on voudra donnera des ombres parallèles, comme si l’astre répondait à tous les points de cette ligne. 3Il est immense, car à l’équinoxe il paraît, au même moment, vertical pour tout l’espace qui s’étend d’un tropique à l’autre. Il est immense, car pour ceux qui habitent en deçà du tropique l’ombre est projetée à midi vers le nord, à l’heure du lever vers le couchant ; ce qui ne pourrait se faire s’il n’était beaucoup plus grand que la terre. Il est immense, car à son lever il dépasse en largeur le sommet du mont Ida, qu’il déborde amplement à gauche et à droite, malgré la distance énorme qui l’en sépare. 4Mais ce qui démontre indubitablement la dimension du soleil, ce sont les éclipses de lune, de même que les éclipses du soleil ont démontré la petitesse de la terre. En effet, il y a trois figures d’ombres : si le corps opaque est égal au corps éclairant, l’ombre a la forme d’un cylindre prolongé indéfiniment ; si le corps opaque est plus grand que le corps éclairant, l’ombre a la forme d’un cône droit, dont la partie inférieure est la plus étroite, et qui se prolonge également indéfiniment ; si le corps opaque est plus petit que le corps éclairant, l’ombre a la forme d’un cône qui se termine par une pointe, et telle est l’apparence de l’ombre de la terre dans l’éclipse de lune. Il ne reste donc aucune raison de douter que le soleil ne l’emporte en grandeur sur la terre, 5et la nature même semble l’indiquer par des témoignages muets : pourquoi, en effet, pendant une moitié de l’année, le soleil s’éloigne-t-il de nous ? C’est pour refaire par la fraîcheur des nuits la terre, qu’il embraserait sans aucun doute, et que même il embrase en certaines parties, tant sont grandes ses dimensions.

IX.

1(XII.) Le premier Romain qui exposa publiquement la théorie des éclipses du soleil et de la lune est Sulpicius Gallus, qui fut consul avec Marcellus, mais qui alors était tribun militaire. La veille du jour où Persée fut défait par Paul-Émile il parut par ordre du général, afin de prévenir les alarmes de l’armée, devant les troupes assemblées pour annoncer l’éclipse qui allait survenir ; peu de temps après, il composa un livre sur ce sujet. Le premier qui s’en occupa chez les Grecs fut Thalès de Milet, dans la quatrième année de la quarante-huitième olympiade (an 585 av. J. C), l’an 170 de la fondation de Rome, et prédit une éclipse de lune qui arriva sous le roi Alyatte. 2Après eux, Hipparque dressa pour six cents ans la table du cours du soleil et de la lune, déterminant les mois des divers calendriers, les jours, les heures, les localités et les aspects, suivant les entrées. Le cours des ans ne lui a donné aucun démenti, et il semble avoir été admis aux con-