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PLINE.


violence à aucun, et qui la plupart du temps porte à Ostie en droite ligne, à travers la mer de Ligurie. Non seulement il est inconnu dans les autres contrées, mais même il ne se fait pas sentir à Vienne, ville de la même province : à peu de distance, ce vent si terrible est arrêté par l’interposition d’une chaîne de médiocre hauteur. Fabianus assure que les vents du midi ne se font pas sentir en Égypte. Là intervient manifestement une loi naturelle, qui règle la durée et les limites des vents eux-mêmes.

XLVII.

1 C’est le printemps qui ouvre les mers aux navigateurs. Au commencement de cette saison les Favonius (ouest) adoucissent la rigueur du temps, le soleil étant dans le vingt-cinquième degré du Verseau, c’est-à-dire le sixième jour avant les ides de février (le 8 février). Assujettis à une régularité à peu près pareille, s’élèvent tous les vents dont je vais parler ensuite, avec l’anticipation d’un jour pour les années bissextiles ; mais cet ordre est conservé dans toutes les années, sans intercalation. Quelques-uns appellent vent de l’Hirondelle, parce qu’alors cet oiseau se montre, le Favonius qui souffle le huitième jour des calendes de mars (22 février) ; d’autres donnent le nom d’Ornithie, à cause de l’arrivée des oiseaux, au même vent, qui soixante et un jours (28) après le solstice d’hiver souffle pendant neuf jours. Au Favonius (ouest) est opposé celui que nous avons appelé Subsolanus (est). 2Ce vent coïncide avec le lever des Pléiades dans le vingt-cinquième degré du Taureau, le sixième jour avant les ides de mai (le 10 mai) ; à partir de ces ides règne l’Auster (midi), auquel le Septentrion (nord) est opposé. C’est dans les plus grandes chaleurs de l’été que se lève la Canicule, au moment où le soleil entre dans le premier degré du Lion : ce jour est le quinzième avant les calendes d’août (le 18 juillet). Le lever de cet astre est précédé, pendant environ huit jours, par des Aquilons (nord-est) qu’on appelle précurseurs. Deux jours après ce lever les mêmes vents, soufflant avec plus de constance, reçoivent le nom de vents Étésiens pendant les jours caniculaires ; on suppose que la chaleur du soleil, redoublée par la chaleur de la Canicule, les adoucit : parmi les vents, aucuns ne sont plus réglés. 3Ensuite les Auster (midi) redeviennent fréquents jusqu’à Arcturus, qui se lève environ onze jours avant l’équinoxe d’automne. Avec Arcturus commence le Corus (nord-ouest), qui règne pendant l’automne ; à ce vent est opposé le Vulturne (sud-est). 4Quarante-quatre jours environ après cet équinoxe, le coucher des Pléiades commence l’hiver, époque qui coïncide ordinairement avec le 3 des ides de novembre (le 11 novembre) ; c’est le temps de l’Aquilon d’hiver, très différent de l’Aquilon d’été, dont l’opposé est l’Africus (sud-ouest). Sept jours avant le solstice d’hiver et sept jours après, la mer devient assez calme pour porter les nids des alcyons, d’où ces jours ont pris le nom d’Alcyoniens ; le reste de l’hiver elle est livrée aux mauvais temps ; mais toute la violence des tempêtes ne peut arrêter la navigation. Ce furent les pirates qui d’abord forcèrent les voyageurs à se jeter au-devant de la mort par crainte de la mort même, et à se hasarder sur les flots malgré l’hiver. Maintenant l’avidité fait courir les mêmes dangers.

XLVIII.

1 Les vents les plus froids sont ceux que nous avons dit souffler du septentrion, et le Corus (nord-ouest), qui en est voisin. Ils font tomber les autres, et dissipent les nuages. L’Africus (sud-ouest) et surtout l’Auster (sud) sont humides pour l’Italie. On raconte que dans la mer du Pont le Cæcias (est-nord-est) attire à lui les