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LIVRE II.


animaux de la mer, qu’elle ne frappe pas ; parmi les oiseaux, elle ne frappe pas non plus l’aigle, que pour cette raison l’on représente comme porteur de la foudre. 2En Italie, entre Terracine (III, 9) et le temple Féronien (en Campanie), on cesse d’élever des tours en temps de guerre, toutes ayant été détruites par la foudre.

LVII.

1(LVI.) Il se passe encore d’autres phénomènes dans le ciel inférieur. Les monuments historiques rapportent qu’il est tombé des pluies de lait et de sang sous le consulat (an de Rome 640) de Manius Acilius et de C. Porcius, et dans beaucoup d’autres circonstances ; des pluies de chair, sous le consulat (an de Rome 293) de P. Volumnius et de Servius Sulpicius, ce qui ne fut pas enlevé par les oiseaux ne se putréfia pas ; 2des pluies de fer dans la Lucanie, l’année qui précéda celle où M. Crassus fut tué par les Parthes, et avec lui tous les soldats lucaniens, dont il y avait un grand nombre dans l’armée : le fer qui tomba avait l’aspect spongieux ; les aruspices annoncèrent que des blessures venant d’en haut étaient à craindre. Sous le consulat de L. Paulus et de C. Marcellus (an de Rome 704) il y eut une pluie de laine autour du château de Carissa (33), auprès duquel, l’année suivante, T. Annius Milon fut tué. Pendant le procès de ce même personnage (an de Rome 702) il y eut une pluie de briques cuites : cela est rapporté dans les Actes de cette année.

LVIII.

1(LVII.) Le fracas des armes et le son de la trompette ont été entendus au haut du ciel lors des guerres Cimbriques (an de Rome 654) ; il l’a été souvent dans les temps qui ont précédé et suivi. Sous le troisième consulat de Marius (an de Rome 651) les habitants d’Ameria et de Tudertum virent des armes célestes venir se heurter du levant et du couchant, et celles qui étaient du côté du couchant furent mises en déroute. On a vu plusieurs fois le ciel lui-même en feu ; cela n’est pas étonnant : ce sont les nuages qui s’enflamment dans une grande étendue.

LIX.

1(LVIII.) Les Grecs célèbrent Anaxagore de Clazomène, qui, la seconde année de la 78e olympiade, prédit par la science astronomique qu’à tel jour une pierre devait tomber du soleil ; et cela arriva, en plein jour, dans la Thrace, auprès de Ægos-Potamos (IV, 18) : encore aujourd’hui on montre cette pierre : elle est d’un poids à faire la charge d’un chariot, et d’une couleur brûlée. À la même époque, une comète brilla pendant les nuits. 2Si l’on croit à cette prédiction, il faut avouer que l’esprit divinateur d’Anaxagore fut bien merveilleux : et c’est renoncer à comprendre la nature et reconnaître une confusion générale, que d’admettre que le soleil lui-même est une pierre, ou qu’une pierre y ait jamais été contenue. Toutefois, il n’est pas douteux que des pierres tombent souvent du ciel. 3Dans le gymnase d’Abydos (V, 40), aujourd’hui même, une pierre est révérée en raison de cette origine ; elle est d’un médiocre volume ; et le même Anaxagore avait annoncé, dit-on, qu’elle tomberait au milieu de la terre. Une pierre est aussi honorée à Cassandrie (IV, 17), qu’on appelle Potidée, et qui fut colonisée pour ce motif. Moi-même j’ai vu, dans le territoire des Vocontiens, une pierre qui venait d’y tomber.

LX.

1(LIX.) Nous appelons arc-en-ciel un phénomène qui, en raison de sa fréquence, n’est ni une merveille ni un prodige ; car il n’annonce pas, d’une manière sûre, même la pluie ou le beau temps. Il est évident que le rayon solaire entré dans une nuée concave est repoussé vers le soleil