auxquels ils attribuent la foudre ; ces phénomènes arrivent quand ces astres sont avec le soleil ou dans un des principaux aspects, particulièrement en quadrature. Le physicien Anaximandre de Milet eut, si nous ajoutons foi au bruit qui en court, une inspiration admirable et digne d’une mémoire éternelle, lorsqu’il annonça aux Lacédémoniens qu’ils eussent à prendre garde à leur ville et à leurs maisons ; qu’un tremblement de terre était imminent. Et, en effet, la ville entière fut renversée, et une partie considérable du mont Taygète, qui, coupé en forme de poupe, dominait Sparte, s’écroula, et augmenta le désastre. 2On attribue à Phérécyde, maître de Pythagore, une autre prévision également divine. De l’eau ayant été tirée d’un puits, il pressentit et prédit qu’en ce lieu un tremblement de terre allait se faire sentir. Si ces récits sont vrais, quelle différence trouvera-t-on entre la Divinité et ces hommes, à l’immortalité près ? Au reste, j’abandonne ces récits à l’opinion de chacun. Quant à la cause, je ne doute pas qu’elle ne réside dans les vents. 3En effet, la terre ne tremble jamais que lorsque la mer est assoupie, et le ciel tellement tranquille que le vol des oiseaux ne se soutient pas par défaut d’un souffle qui les porte ; elle ne tremble non pas qu’après qu’il a régné des vents dont le souffle a pénétré dans les veines et dans les cavités secrètes du globe terrestre. Le tremblement est pour la terre ce qu’est le tonnerre pour le nuage ; les abîmes qui s’ouvrent sont l’analogue de la nue qui se fend : le souffle renfermé lutte, et fait effort pour se délivrer.
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LIVRE II.