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PLINE.


de soleil et de lune, parce qu’alors les tempêtes s’assoupissent ; et ils se produisent surtout quand les pluies sont suivies de chaleur, ou les chaleurs de pluies.

LXXXIII.

1(LXXXI.) Les navigateurs reconnaissent aussi les tremblements de terre par un phénomène qui ne leur laisse pas de doutes : sans un souffle d’air le flot se soulève subitement, ou bien le bâtiment reçoit un choc. Les objets placés dans les navires tremblent comme dans les maisons, et avertissent par leur cliquetis. 2Les oiseaux restent perchés, non sans terreur. Il y a aussi dans le ciel un signe qui précède le tremblement de terre : dans le jour, ou peu après le coucher du soleil, le temps étant serein, un nuage ténu s’étend au loin, sous la forme d’une traînée. Dans les puits l’eau se trouble, et contracte une odeur nauséabonde.

LXXXIV.

1(LXXXII.) Les puits sont un préservatif ; il en est de même d’excavations nombreuses : ce sont des soupiraux donnant une issue à l’air ; cela se voit dans certaines villes, qui souffrent moins des secousses parce qu’elles sont creusées de souterrains nombreux pour l’écoulement des immondices. Là aussi des parties qui sont comme suspendues sont les plus sûres ; on en a un exemple à Naples, en Italie, où la portion la plus solide éprouve le plus de dommage. Les voûtes résistent le mieux, de même que les murailles qui font un angle, et où le coup porté sur un côté est annulé par le coup porté sur l’autre. 2L’ébranlement endommage moins les murailles en briques. Il y a aussi une grande différence d’effet suivant l’espèce même de secousse ; car la terre s’ébranle de plus d’une façon. Le danger est le moindre quand elle vibre et cause dans les édifices une sorte de frémissement, ou quand elle se soulève et retombe par un mouvement alternatif ; le dommage est nul aussi quand les bâtiments s’entre-choquant sont portés en sens contraires : une impulsion arrête l’autre. Mais une espèce de mouvement ondulatoire qui, revenant sur lui-même, imite les flots, est funeste ; il en est de même d’un mouvement qui agit en un sens unique. Les tremblements de terre cessent quand le vent s’est fait jour ; mais s’ils persistent, ils ne s’arrêtent pas avant quarante jours : quelquefois ils durent plus longtemps, et quelques-uns se sont fait sentir pendant l’espace d’un même de deux ans.

LXXXV.

1(LXXXIII.) Il est arrivé une fois (ce que je trouve dans les livres de la doctrine étrusque) un phénomène terrestre prodigieux, sous le consulat de L. Marcius et de Sex. Julius (an de Rome 663), dans le territoire de Modène : Deux montagnes s’avançant, puis reculant, se heurtèrent à grand fracas, avec une éruption de flamme et de fumée dans l’espace intermédiaire, pendant le jour et à la vue d’une foule de chevaliers romains, de domestiques et de voyageurs, qui contemplaient ce spectacle de la voie Émilienne. Ce choc broya toutes les maisons de campagne interposées, et tua une multitude d’animaux qui y étaient renfermés : cela arriva un an avant la guerre sociale, plus funeste peut-être à l’Italie que n’ont été les guerres civiles. Un phénomène non moins étrange a été vu de notre temps, la dernière année du règne de Néron (an de Rome 821, après J. C. 68) ; nous en avons parlé dans l’histoire de ce prince : des prés et des plants d’oliviers, séparés les uns des autres par la voie publique, changèrent de position à l’égard de cette voie, dans le territoire des Marruciniens : ces prés et champs appartenaient