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Page:Pline l'ancien - Histoire naturelle, Littré, T1 - 1848.djvu/164

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PLINE.


av. J.-C. 126), dans le golfe d’Étrurie, tout embrasée, avec un souffle violent ; on rapporte qu’une multitude de poissons flottait autour, et que tous ceux qui en mangèrent expirèrent subitement. 3D’après la tradition, les Pithécuses sont nées de cette façon dans le golfe de Campanie ; plus tard l’Épopus, montagne de ces îles, ayant jeté subitement des flammes, s’écroula, et fut réduit au niveau de la plaine. Dans la même île, une ville fut engloutie par la mer ; un autre tremblement de terre y forma un étang ; et un autre, ayant renversé les montagnes, donna naissance à l’île de Prochyta.

XC.

1 C’est, en effet, par cette même puissance que la nature a créé des îles : elle a séparé la Sicile de l’Italie, Chypre de la Syrie, l’Eubée de la Béotie (IV, 21), de l’Éubée Atalante et Macris, de la Bithynie Besbycus (V, in fine), du promontoire des Sirènes Leucosie.

XCI.

1(LXXXIX.) En revanche, elle a enlevé des îles à la mer et les a jointes aux terres : Antissa à Lesbos, Zephyrium à Halicarnasse, Æthusa à Myndus, Dromiscus et Perné à Milet, Narthécuse (V, 36) au promontoire Parthénius. Hybanda, jadis île sur la côte de l’Ionie, est maintenant éloignée de la mer de deux cents stades (myriam. 3,68). À Éphèse s’est jointe l’île de Syrié ; à Magnésie, qui en est voisine, les Dérasides (V, 31) et Sophonie. Épidaure et Oricum (III, 26) ont cessé d’être des îles.

XCII.

1(XC.) La mer a englouti des terres entières : d’abord celle où est maintenant l’océan Atlantique, continent immense qui a disparu, si nous en croyons Platon ; puis dans la Méditerranée nous voyons aujourd’hui l’Acarnanie submergée par le golfe d’Ambracie, l’Achaïe par le golfe de Corinthe, l’Europe et l’Asie par la Propontide et le Pont ; en outre, la mer a arraché Leucade et Antirrhium (IV, 3) et percé l’Hellespont et les deux Bosphores.

XCIII.

1(XCI.) Sans parler des golfes et des étangs, la terre se dévore elle-même ; elle a absorbé le Cybotus, montagne très-élevée, avec la ville de Curis, Sipylus dans la Magnésie, et auparavant, dans le même lieu, une ville très célèbre qui s’appelait Tantalis ; Galanis et Gamale, villes de Phénicie, ont été englouties avec leurs campagnes ; le Phégius, montagne très-élevée d’Éthiopie, a disparu ; comme si l’on ne voyait pas les rivages eux-mêmes être infidèles et disparaître.

XCIV.

1(XCII.) Ainsi Pyrrha et Antissa se sont abîmées dans les Palus-Méotides ; Élice et Bura (IV, 6), dans le golfe de Corinthe, et on en voit encore les vestiges sous les flots. Une étendue de plus de trente milles (4 myr., 4175) a été subitement arrachée de l’île de Céos (IV, 10) par les eaux, qui noyèrent une foule d’habitants ; en Sicile, elles ont enlevé la moitié de la ville de Tyndaris et les terres qui unissaient cette île à l’Italie (III, 14) ; même catastrophe en Béotie, à Éleusine.

XCV.

1(XCIII.) Mais ne parlons plus des tremblements de terre, et de toutes ces catastrophes terrestres qui laissent du moins subsister les tombeaux des villes ; parlons plutôt des merveilles que des crimes de la nature ; et certes les merveilles célestes ne sont pas plus difficiles à raconter. 2Les trésors métalliques, si variés, si abondants, si féconds, renaissant depuis tant de siècles, malgré la destruction quotidienne qui s’en fait sur tout le globe par le feu, par les ruines, par les naufrages, par les guerres, par les fraudes, mal-