Aller au contenu

Page:Pline l'ancien - Histoire naturelle, Littré, T1 - 1848.djvu/165

La bibliothèque libre.
(Redirigé depuis Page:Pline-I.djvu/165)
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
141
LIVRE II.


gré ce qu’en consomment le luxe et les besoins de tant d’hommes ; les gemmes, où jouent tant et de si belles couleurs ; les pierreries si diversement veinées ; et entre autres ce marbre d’une blancheur diaphane (XXXVI, 46) qui ne laisse rien passer, exceptée la lumière ; les vertus des fontaines médicinales ; les feux qui font éruption en tant de lieux, et qui brûlent sans relâche depuis tant de siècles ; les exhalaisons mortelles, tantôt venant d’excavations faites de main d’homme, tantôt sortant spontanément du sol ; les unes nuisibles aux oiseaux seulement, comme à Soracte, dans le voisinage de Rome, les autres à tous les animaux, excepté l’homme, quelquefois à l’homme lui-même, comme dans le territoire de Sinuesse et à Putéoles ; ces soupiraux, dits cavités de Charon, exhalant un air empoisonné ; 3la vallée d’Amsancti chez les Hirpins, près du temple de Méphitis, lieu où meurent ceux qui y pénètrent ; un lieu semblable à Hiérapolis en Asie, où seul le prêtre de la Grande Déesse n’éprouve aucun mal ; les cavernes fatidiques dont les exhalaisons enivrent et donnent la prescience de l’avenir, comme au célèbre oracle de Delphes. À tous ces phenomènes quelle cause un mortel pourrait-il assigner, si ce n’est la divinité de la nature, qui, répandue en tout, se manifeste sous des formes diverses ?

XCVI.

1(XCIV.) Quelques terrains tremblent sous les pas : par exemple, dans le territoire de Gabies, non loin de Rome, il y a environ deux cents jugères (50 hectares) qui tremblent sous les pas des chevaux ; il en est de même dans le territoire de Réate.

2(XCV.) Quelques îles sont toujours flottantes dans le territoire de Cécube et dans celui de Réate, de Modène et de Statonie. Le lac de Vadimon et les eaux Cutiliennes (III, 17) renferment une forêt épaisse qu’on ne voit jamais au même lieu le jour et la nuit. En Lydie, les îles appelées Calamines obéissent à l’impulsion non seulement des vents, mais même des crocs ; elles furent, dans la guerre de Mithridate, le salut d’une foule de citoyens romains. 3Il y a aussi dans le Nymphæum (47) (II, 110 ; III, 9 ; V, 22 ; VI, 31 ; XXXI, 19) de petites îles appelées Saliaires, parce qu’elles se meuvent au bruit de la symphonie et des pieds, qui battent la mesure. Dans le lac de Tarquinie, qui est un des grands lacs d’Italie, il y a deux bois qui, sous le souffle des vents, prennent tantôt une figure triangulaire, tantôt une figure arrondie, jamais une figure carrée.

XCVII.

1(XCVI.) Paphos a un temple célèbre de Vénus, dans une cour duquel il ne pleut jamais. Il en est de même à Néa, ville de la Troade, autour de la statue de Minerve ; dans le même lieu, les restes de sacrifices abandonnés ne se corrompent pas.

XCVIII.

1 Auprès de Harpasa (V, 29), ville d’Asie, est une roche énorme qu’un doigt fait mouvoir, et qui résiste si l’on donne l’impulsion avec le corps entier. À Parasinus (48), ville de la péninsule Taurique, il y a une terre qui cicatrise toutes les plaies. Dans les environs d’Assus, en Troade (V, 32), naît une pierre qui consume tous les corps ; on l’appelle sarcophage (XXVIII, 37; XXXVI, 27). Il y a auprès du fleuve Indus deux montagnes, dont l’une retient et l’autre repousse toute espèce de fer (XXXVI, 25) ; de la sorte, si l’on porte des clous aux souliers, dans l’une on ne peut pas retirer son pied, dans l’autre on ne peut pas le poser. 2Il a été noté que Locres et Crotone (III, 10)