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PLINE.


n’ont jamais été affligées d’aucune peste ni d’aucun tremblement de terre, et qu’en Lycie les tremblements de terre sont toujours suivis de quarante jours sereins. Dans le territoire d’Arpos (III, 16) le froment semé ne pousse pas. Aux autels Muciens (49), dans le pays de Veïes, ainsi que dans celui de Tusculum et dans la forêt Ciminienne, il y a des terrains d’où l’on ne peut enlever ce qu’on y a mis. Le foin qui vient dans le territoire de Crustuminum, nuisible sur place, ne l’est pas ailleurs.

XCIX.

1(XCVII.) J’ai déjà beaucoup parlé de la nature des eaux ; mais ce qu’elles présentent de plus singulier est le flux et le reflux de la mer. La cause de ce phénomène, qui offre beaucoup de variétés, est dans le soleil et dans la lune. La mer, entre deux levers de lune, monte et redescend deux fois, toujours en vingt-quatre heures. À mesure que le ciel s’élève avec la lune, les flots se gonflent ; puis ils reviennent sur eux-mêmes lorsque, après son passage au méridien, elle descend vers le couchant ; derechef, quand elle passe dans les parties inférieures du ciel et gagne le méridien opposé, l’inondation recommence, et enfin le flot se retire jusqu’au lever suivant. 2La marée ne se fait jamais au même temps que le jour précédent, comme si elle était l’esclave de cet astre avide (50) qui attire à lui les mers, et qui, chaque jour, se lève à un autre endroit que la veille. Le flux et le reflux alternent à des intervalles toujours égaux, qui sont de six heures chacun, non pas des heures d’un jour, d’une nuit ou d’un lieu quelconque, mais des heures équinoxiales. Aussi ces intervalles, évalués en heures vulgaires, paraissent-ils inégaux suivant le rapport des heures équinoxiales avec les heures vulgaires du jour et de la nuit ; ils ne sont égaux partout qu’aux équinoxes. 3Il y a donc de la stupidité (en voilà une preuve considérable, pleine de lumière et parlant, pour ainsi dire, chaque jour) (51) à nier le passage des astres sous la terre et leur réapparition de l’autre côté. La face de la terre et même de la nature entière est semblable dans tous les sens ; les effets sont les mêmes au lever et au coucher des astres ; et l’influence de la lune quand elle marche au-dessous de la terre n’est pas différente de celle qu’elle exerce quand elle passe au-dessus de nos têtes. 4L’action de la lune présente aussi des différences variées, d’abord tous les sept jours : en effet, les marées, médiocres depuis la nouvelle lune jusqu’au premier quartier, augmentent ensuite et atteignent le plus haut point à la pleine lune, puis elles diminuent, et redeviennent après sept jours ce qu’elles étaient au premier quartier ; elles augmentent derechef au troisième, et redeviennent pleines dans la conjonction. Elles sont moindres quand la lune est au nord et davantage éloignée de la terre, que lorsque, arrivée au midi, elle exerce son influence de plus près. 5Tous les huit ans, au bout de cent révolutions lunaires, elles recommencent dans le même ordre, et passent par la même série d’accroissements. Toutes ces influences sont augmentées par les influences annuelles du soleil. Les plus fortes marées sont aux deux équinoxes, et elles le sont plus à l’équinoxe d’automne qu’à celui du printemps ; elles sont très basses au solstice d’hiver, et surtout au solstice d’été. Toutefois ces modifications ont lieu non aux époques mêmes que j’ai indiquées, mais peu de jours après : quant à celles que causent la pleine lune et la nouvelle, elles ne se font sentir également qu’un peu après. Ce n’est pas non plus quand la lune se lève ou se couche ou quand elle est au méridien que son influence se