Et ces espérances n’étaient pas peut-être sans fondement, si l’on songe à la grandeur de l’empire des Athéniens et à la suite non interrompue de leurs prospérités.
Périclès contint ces convoitises aventureuses, et réprima cette fureur d’entreprises, en employant la plus grande partie des forces d’Athènes à garder et assurer ce qu’on avait acquis, persuadé qu’il était d’ailleurs que c’était déjà beaucoup d’empêcher l’accroissement de la puissance de Lacédémone. Il se montra, dans maintes occasions, l’adversaire opiniâtre des Lacédémoniens, et particulièrement dans la guerre sacrée. Ceux-ci étaient allés en armes à Delphes ; ils avaient enlevé aux Phocéens l’intendance du temple, et ils l’avaient donnée aux Delphiens. À peine s’étaient-ils retirés, que Périclès, à son tour, fit une contre-expédition, et rendit aux Phocéens l’intendance du temple. Les Delphiens avaient donné aux Lacédémoniens le droit de consulter l’oracle les premiers, et ceux-ci avaient gravé leur privilège sur le front du loup de bronze. Périclès prit le même privilège pour les Athéniens, et il le fit graver sur le côté droit du même loup.
Il avait raison de retenir dans la Grèce toutes les forces d’Athènes ; et les événements le prouvèrent. D’abord, l’Eubée se révolta : il s’y élança avec une armée. Presque aussitôt, il apprit que les Mégariens s’étaient déclarés contre Athènes, et que déjà une armée ennemie campait sur la frontière de l’Attique, ayant à sa tête Plistonax, roi de Lacédémone : il quitta donc promptement l’Eubée, pour venir défendre l’Attique. Il n’osa point cependant accepter le combat, que lui offrait une infanterie nombreuse et vaillante ; mais, sachant que Plistonax, qui était un tout jeune homme, ne faisait rien que par les conseils de Cléandridas, que les éphores lui avaient donné pour tuteur et pour second, à cause de sa jeunesse, il fit sonder secrètement celui-ci. Il l’eut bientôt gagné à prix d’argent, et il le détermina à retirer de