presque la certitude de la prendre, l’opération manqua, parce que la peste se déclara dans l’armée, emportant non-seulement les Athéniens, mais tous ceux qui entraient dans le camp et les approchaient. On s’en prit à Périclès, de ces calamités. Il essaya des paroles de consolation et d’encouragement ; mais il ne put calmer l’irritation, et changer la disposition des esprits. À Athènes, on le mit en jugement. On alla aux suffrages ; et, à la pluralité des suffrages, on lui ôta le commandement de l’armée. Enfin il fut condamné à une amende, que des historiens font monter à quinze talents seulement, et d’autres jusqu’à cinquante[1]. Celui qui se porta pour son accusateur fut Cléon, suivant Idoménée, et Simmias, suivant Théophraste ; mais Héraclide de Pont le nomme Lacratidas.
Cependant ces contrariétés politiques ne furent pas de longue durée. Le peuple l’avait blessé ; mais il avait, pour ainsi dire, laissé son courroux dans la plaie, comme l’abeille son aiguillon. Mais Périclès était en proie à des chagrins domestiques. La peste lui avait enlevé beaucoup de ses amis ; et il voyait avec douleur la mésintelligence régner dans sa maison. Xanthippe, l’aîné de ses fils légitimes, prodigue, de son naturel, et qui était marié à une femme jeune et dépensière, fille de Tisandre, fils d’Épilycus, s’indignait de la sévère administration d’un père qui fournissait à l’entretien de la maison avec tant de réserve et de parcimonie. Un jour, il avait envoyé demander à un de ses amis une somme d’argent au nom de son père : l’ami la lui prêta ; mais, lorsque ensuite il vint la redemander, Périclès, loin de payer, lui intenta un procès. C’est pourquoi Xanthippe, furieux, allait par la ville décriant son père, et contant à tous, pour le tourner en ridicule, sa vie intérieure et privée, et ses conversations avec les sophistes ; répétant que, le pentathle[2] Charip-