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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

son père, le dieu armé de l’égide. Près de lui se tient le redoutable Iolas, guidant les coursiers. Tout à coup Minerve aux yeux d’azur se présente devant eux et anime leur confiance par ces paroles :

« Salut, rejetons de l’illustre Lyncée ! Aujourd’hui Jupiter, qui règne sur les bienheureux habitants de l’Olympe, vous accorde le pouvoir d’immoler Cycnus et de ravir sa magnifique armure. Mais, ô le premier des mortels, écoute ce que j’ai à te prescrire. Quand tu auras privé Cycnus de la douce existence, laisse-le, avec ses armes, au lieu où il sera tombé, et attentif à l’attaque de l’homicide Mars, qui marchera contre toi, observe bien la place que laissera découverte son riche bouclier, pour y diriger la pointe de ton glaive. Ensuite tu te retireras ; car il ne t’est point donné de lui enlever en ce jour ni ses coursiers ni ses armes. »

À ces mots, la grande, la noble déesse s’élance rapidement auprès d’eux, portant dans ses mains immortelles la victoire et la gloire. Le noble Iolas frappe d’un bruyant signal l’oreille des coursiers, qui emportent le char rapide et font voler la poussière. La déesse aux yeux d’azur les anime en agitant l’égide, et sur leur passage la terre gémit. Cependant s’avançaient aussi, semblables à la flamme ou à la tempête, et Cycnus, l’habile dompteur de coursiers, et Mars, ce dieu insatiable de guerre. Les chevaux des combattants sont en présence et poussent des hennissements aigus, qui ébranlent l’écho. Le premier, Hercule s’adresse en ces mots à son ennemi :

« Cher Cycnus, qui vous porte tous deux à pousser vos rapides coursiers contre nous, hommes de cœur, faits à la fatigue et à la peine ? Détourne ton char ; fais-moi place : car je vais à Trochine, chez Céyx, roi