Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/346

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2. En principe aussi la production, si rien ne l’entrave, tend à s’augmenter à son tour selon une progression géométrique, plus rapide encore que la première.

De cette manière, la production dans une société travailleuse allant plus vite que la population, il resterait à la fin de chaque période un solde de richesse non consommée, expression du progrès social dans l’industrie et le bien-être.

3. Or, en fait, et nonobstant les quelques exemples qu’on peut citer de cet accroissement rapide et simultané de la population et de la richesse, ce n’est pas ainsi, dans notre vieux monde, que les choses se passent. D’un côté, ni la population ni la production ne vont de ce pas, et, ce qui est plus étrange, la seconde est toujours en arrière de la première. D’autre part, il est manifeste que, la terre, étant limitée, par conséquent le capital naturel de l’humanité ayant des bornes, population et richesse ne peuvent s’augmenter indéfiniment.

4. Plusieurs questions se présentent donc à résoudre.

En premier lieu, la raison, le travail et la Justice, les trois grandes facultés qui distinguent l’homme du reste des animaux, ne modifient-elles pas, par leur développement, la fécondité naturelle de l’espèce ?

Qu’est-ce qui, d’un autre côté, trouble le développement de la production et retarde sa marche ?

Enfin, élimination faite des éléments subversifs et anormaux dont la présence peut être signalée dans les deux séries, quelle est la loi d’équilibre de la population, dans ses rapports avec la richesse produite et avec l’étendue du globe ?

Nul doute que, si Malthus se fût posé le problème en ces termes, il ne fût arrivé à des conclusions toutes différentes.

Il n’eût pas accolé ensemble, comme prémisses de son raisonnement, deux quantités incommensurables, une tendance organique et un fait empirique ; la première acceptée de confiance et sans discernement, le second contraire à toutes les données de la science.

Il aurait compris que l’équilibre cherché devait se trouver entre deux forces corrélatives agissant en pleine liberté,