Page:Quatremère de Quincy - Considérations morales sur la destination des ouvrages de l’art, 1815.djvu/19

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utiles, et, s’il se peut, nécessaires, tendront à la destruction des uns, au détriment des autres et à l’appauvrissement progressif de leur reproduction.

Au premier rang de ces opinions destructives, il faut placer celle qui tend à ne faire considérer les ouvrages d’Art comme des choses utiles, qu’autant qu’ils peuvent être des objets de prix. De ce que certains morceaux, par la réputation et le rare talent de leurs auteurs, sont aussi devenus des objets rares, et par conséquent d’un grand prix, quelques spéculateurs ont pensé que le but qu’on se propose en encourageant les artistes, devait être d’obtenir d’eux des productions qui eussent une valeur commerciale. Méprise aussi grave en soi que ridicule dans son objet. Ce qu’il y a de valeur commerciale dans l’ouvrage d’Art y est purement accidentel. L’estimer de ce côté, c’est le dégrader, et par conséquent lui dérober la valeur qu’on prétend y attacher. Mais l’erreur essentielle est, d’assimiler les Arts du génie à ceux de l’industrie. Ceux-ci, en effet, consistent dans des procédés déterminés ; leur perfection dépend, soit du temps qu’on y emploie, soit du degré de vigilance et de soin qu’on y porte. Celui donc qui veut, en payant le temps et les soins de l’ouvrier, lui commander un chef-d’œuvre, est presque tou-