Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VII, 1857.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
165
NAPOLÉON.

II

madame létita.

 
Écoutez ! Je vois dans la plaine
Une coupe d’albâtre pleine ;
Non, c’est une vigne en son clos,
Un aigle et ses petits éclos.
Non, non, ce n’est pas une vigne
Mariée à l’acacia.
Sous son voile, blanc comme un cygne,
C’est Madame Létitia.

Dans sa main tremble sa quenouille,
Et de ses pleurs elle la mouille.
Elle a quitté ses blancs habits,
Ses boucles d’or et ses rubis.
Ses pieds agitent la poussière ;
Ses yeux sont baissés vers la terre ;
Son fuseau gronde à ses genoux
Quand elle dit à son époux :

Notre maison est en ruine,
Notre fleur n’a plus que l’épine,
Et notre nom n’est plus qu’un mot.
Qui voudra nos filles sans dot,
Nos fils restés sans héritage ?
Napoléon est le plus sage.
C’est celui que j’aime avant tous !
Le voilà grand, qu’en ferons-nous ?