Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VII, 1857.djvu/198

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XII. LES PYRAMIDES

 
En Égypte où le Nil se perd
Sept pyramides au désert
Se sont assises dès l’aurore.
Là, qu’attendent-elles encore ?
Quand a passé l’orage noir,
Elles ont dit au vent du soir :

Où l’as-tu vu passer, vent qui viens d’Italie ?
Où l’as-tu vu passer, mer d’orages remplie ?
Dis, viendra-t-il bientôt, ou ce soir, ou demain,
Aux pèlerins d’Alep demander mon chemin ?
De mon faîte éternel si je pouvais descendre,
J’irais, agenouillée, au bord des flots l’attendre.
Quand son sultan la quitte, au sommet de sa tour
La sultane à Stamboul demeure tout le jour.
Ah ! Que son calumet sur sa natte l’ennuie !
Du haut de ses créneaux où son coude s’appuie,
Au détour du Bosphore, en pleine mer, là-bas,
Elle cherche une voile, et ne la trouve pas.
Et moi, j’attends ici mon sultan et mon maître.
Gazelles qui passez, le voyez-vous paraître ?
Est-il sur les flots purs ? Est-il dans les autans ?
Est-il dans mon soleil ? Je l’attends, je l’attends,
Pour que sa gloire écrite au bout d’un fer de lance
Remplisse mon désert, et rompe mon silence.