Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VII, 1857.djvu/205

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Et ses eunuques noirs dont le poignard reluit
Sont plus de cent combats qui veillent dans sa nuit.
Son calumet ambré n’a point d’autre fumée
Que celle de son nom et de sa renommée.
Sur son sabre luisant son coran est écrit ;
Sa cavale est ailée ainsi que son esprit.
Comme dans sa mosquée il entre en son orgueil
Sans frapper de son front le pavé ni le seuil.
Ces villes dans le sable où la cigogne habite,
Ces vieux murs de mille ans où l’épervier s’abrite,
Sont les tours du sérail qui cache son trésor.
Les géants dans la nuit, aux palais de Luxor,
Ont fait ces escaliers pour qu’il monte à sa cime,
Ceux-là pour qu’il descende au fond de son abîme.
Heurtez, foulez du pied ces restes de cités.
Si vous pouviez entrer en leurs murs enchantés,
Comme auprès d’un trésor on trouve une veilleuse,
Vous verriez de ses jours la lampe merveilleuse ;
Et de leurs siéges d’or tous ses rêves de roi
Se lèveraient soudain, et diraient : " Ouvrez-moi ! "
Assez ! Le soleil luit ; je ne sais plus d’histoire,
Et de Bounaberdi voici la tente noire.
Là, sous sa pyramide, il la heurte du front.
Le sable écrit son nom : tes pas l’effaceront,
Lion de Barbarie. Allons, cours sur ta proie ;
Va ronger de ta dent son orgueil et sa joie.