Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VII, 1857.djvu/229

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" Ne vois-tu pas aussi là cette main divine,
" Au milieu de l’encens de toute la cité,
" Qui sur le mur blanchi de ta prospérité
" Ecrit le nom de ta ruine ?

" Convive du seigneur, reçois le pain et l’eau !
" Déjà pâle d’ennui, quand ta coupe est remplie,
" Ne sens-tu pas au bord, comme une amère lie,
" Le goût amer de Waterloo ?

" Dans le vaste océan de l’espérance humaine
" Où ta voile défie et le vent et le flot,
" N’entends-tu pas gronder au fond, comme un sanglot,
" Le flot lointain de Sainte-Hélène ? "

Et le chant a passé comme passent les vents ;
Et les morts ont souri de l’orgueil des vivants.
La foule, à deux genoux, regarde la couronne,
Et ne voit pas la main qui l’ôte et qui la donne ;
Et le monde s’enivre avec sa coupe d’or,
Et l’orgue dans la nuit pleure et soupire encor.



XXII. LE BIVAC

 
Non ! L’herbe croît trop vite aux champs de Marengo ;
Trop vite le désert disperse son écho ;
Et le coursier d’Arcole à la croupe sauvage
A trop vite en son clos rongé son pâturage.
Je voudrais voir plus loin, sous des cieux plus pesants,
Au soleil d’Austerlitz un combat de géants,