Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VII, 1857.djvu/324

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Albion l’a bercé sur sa vague parjure !
Albion l’a porté jusqu’en sa sépulture.
Afin que désormais, sur le Var ou le Nil,
Il ne soulève plus le sceau de son exil.
Pour la première fois, tranquille en sa conquête,
Son nouveau diadème est pesant à sa tête.
Ce que n’ont pu les rois le néant le pourra,
Et le ver lentement le découronnera.
L’abeille a bourdonné. La tombe a fait silence.
Un vieux monde s’efface ; un autre âge commence….
Mais, nous, dispersons-nous, avec le bruit des vents
Et le souffle de l’herbe et l’espoir des vivants.
Nous ne sommes qu’un mot : illusion, fumée !
Nous sommes ce que l’homme appelle renommée.



LII. LA COLONNE

 
Non ! Le cercueil est vide et la tombe a menti.
Non ! L’écho du néant a trop tôt retenti.
Non ! Le ver a trop tôt convoité sa pâture.
Trop tôt le fossoyeur a fait la sépulture.
Il n’est pas mort ! Il n’est pas mort ! De son sommeil
Le géant va sortir plus grand à son réveil.
Non ! Le saule pleureur n’a pas comme une foule
Incliné ses rameaux sur le flot qui s’écoule ;
La source de Hutsgate, éveillée à demi,
N’a pas balbutié, ni tremblé, ni frémi.