Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VIII, 1858.djvu/222

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des jours qui ne sont plus et qui ne peuvent plus être. C’est ce qui arrive toutes les fois qu’on se ressemble.



Rachel.

C’est un souvenir qui est bien loin. Il y avait là dans cet endroit une odeur de fleur qui jamais ne se fanait, et que je n’ai plus respirée.



Ahasvérus.

Les fleurs que j’ai vues se sont toujours fanées.



Rachel.

On y entendait chanter un air que je n’ai plus entendu. Vous le rappelez-vous ?



Ahasvérus.

Je ne me rappelle rien que le chant du désert.



Rachel.

Là les rayons du soleil éclairaient sans brûler.



Ahasvérus.

Les rayons du jour ont partout brûlé mon front.



Rachel.

Là, l’air était plus léger à respirer. On n’y connaissait ni pleurs ni soupirs.



Ahasvérus.

Jamais, croyez-moi, je n’ai passé par ce pays.

était-ce une île, une plaine, un sommet de montagne ?



Rachel.

Je n’en sais plus ni la place ni le chemin.



Ahasvérus.

Ce sera une illusion.



Rachel.

Oh ! Je suis sûre que je ne me trompe pas. Vous m’aviez tant promis de me raconter votre histoire quand la fauvette se tairait. Voici l’heure.



Ahasvérus.

Non pas, quand la cigale aussi sera rentrée.



Ra