Page:Rambosson - Histoire des Météores, 1883.djvu/220

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permis aux savants, du fond de leur cabinet, de lire dans les cieux, de deviner des astres inconnus, et de fixer eux-mêmes le puissant objectif qui devait surprendre le globe immense dans la route invariable que lui ont assignée les lois du Créateur. Cependant les importantes données de la météorologie des mers, qui ont conduit à la découverte qui nous occupe, ont quelque chose peut-être de plus imposant encore.

C’est un fait connu de tout le monde que, dans les régions équatoriales, les eaux de toutes les mers sont poussées à l’ouest par un mouvement incessant, qui dans l’Atlantique les porte vers l’Amérique tropicale. Ce vaste courant de 30 degrés de largeur, dont 20 degrés au nord et 10 degrés au sud, vient se briser contre les rivages du nouveau monde. Ces eaux forment un circuit continu de l’Afrique au Mexique, avec retour au point de départ.

Les bouteilles flottantes que les marins jettent à la mer, avec l’indication du lieu et de la date du jour où elles ont été confiées à l’Océan, ont appris que ce trajet de 20 000 à 30 000 kilomètres s’opérait en trois ans et demi environ.

Les vents suivent à peu près la même marche que les eaux ; c’est-à-dire qu’entre les tropiques soufflent les vents d’est, appelés vents alizés, qui portent l’atmosphère d’Afrique en Amérique, comme le courant tropical y porte aussi les eaux. Nous étions à plus de 200 lieues de l’Afrique lorsque ces vents couvraient les voiles de notre navire, affrété pour la mer des Indes, d’une poussière extrêmement fine et roussâtre qu’ils emportaient avec eux des vastes déserts de l’intérieur.