Page:Rambosson - Histoire des Météores, 1883.djvu/383

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profonde émotion. Laissons la parole à l’éminent secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences :

« Dès le commencement de la nuit, à la première apparition, une lueur se remarquait au nord, et, peu à peu, le ciel s’éclairait d’une nuance rose, qui en envahissait la moitié. De temps à autre s’élançaient des rayons colorés, presque toujours d’un rouge de sang très intense, tandis que se montraient, çà et là, au-dessus de Paris, des plaques rouges, sanglantes aussi. Au moment où le phénomène touchait à son terme, et quand le ciel s’assombrissait déjà, on vit, tout d’un coup, la couleur rouge resplendir encore d’un effrayant éclat. Le lendemain, l’apparition recommençait avec une intensité un peu moindre et laissait voir des irradiations blanches, lumineuses, dont le centre était placé vers la constellation de Pégase ; traduisant les impressions de leur âme, les uns en comparaient l’aspect à une gloire, les autres à une croix. Parmi les habitants de Paris, il en est peu que ces phénomènes n’aient saisis de crainte, et à qui, dès l’abord, ils n’aient inspiré la pensée qu’une grande machine incendiaire était mise en jeu pour forcer les murailles ou pour démoraliser leurs défenseurs. Il en est peu qui, voyant qu’il s’agissait seulement d’une aurore boréale d’une espèce rare, n’aient cherché alors quels pronostics heureux ou malheureux pouvait en tirer leur patriotisme ému[1]. »

L’aurore boréale qui est venue s’épanouir et briller d’un vif éclat sur notre horizon, le 4 février 1872, est la

  1. M. Dumas (de l’Institut), Éloge historique d’Auguste de la Rive.