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RAMSAY

balance. Depuis quelques années, les savants se servent d’une nouvelle matière, le quartz fondu. Tout le monde sait combien il est résistant ; son coefficient de dilatation par la chaleur est presque nul ; et on peut le travailler comme le verre, en en tirant des baguettes d’une épaisseur convenable. Avant de construire cette balance, j’ai demandé à mon collègue le professeur de mécanique la forme à donner à un pont pour lui permettre de résister le mieux possible à une pression extrême ; il a eu l’obligeance de m’en faire un dessin.

Pour construire le fléau, on grave sur une plaque de graphite, avec une aiguille à tricoter, des lignes dans lesquelles on place des courtes baguettes de silice, d’environ un demi-millimètre de diamètre. Où les bouts des tiges se touchent, on les fond en dirigeant momentanément sur eux la flamme d’un chalumeau à oxygène. Le couteau est formé d’une gouttelette de silice, fondue au bout d’une courte baguette, et aiguisée en forme de cornet avec le plus grand soin. Vue au microscope, elle doit être droite, sans entailles, et bien polie. Perpendiculaire à cette baguette, et tout près du couteau, est scellée une seconde tige, qui sert à ajuster le couteau, de telle manière qu’en la scellant au fléau de la balance le couteau forme un angle droit avec le plan du fléau. Cette seconde baguette sert aussi à supporter un petit miroir de silice platinisé, réfléchissant la lumière d’une lampe Nernst, qui tombe sur une échelle à environ 3 mètres du miroir ; le fil de la lampe projette son image sur l’échelle, divisée en millimètres.

La balance est contenue dans une boîte en laiton, dans laquelle on peut faire le vide. Deux trous sont percés dans cette boîte, à la surface inférieure, vis-à-vis et au-dessous des extrémités du fléau. Cimentés dans ces trous, se trouvent deux bouchons creux de verre, auquel on adapte deux tubes d’un diamètre d’environ 3 centimètres. Dans chacun de ces tubes pend un fil de quartz fort mince, soudé chacun à une extrémité du fléau de la balance. Ces fils se plient avec la plus grande facilité et dispensent de suspendre les « plateaux » à des couteaux, comme à l’ordinaire. Mais il n’existe pas de plateaux. Suspendue à un de ces fils se trouve une petite ampoule de silice, dont on a déterminé le contenu en la pesant remplie de mercure. Elle contient donc un volume connu d’air, emprisonné à une température et une pression connues ; par conséquent on connaît le poids de cet air. À l’autre fil est suspendu un contrepoids solide de silice.