Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/196

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qui ſont trop heureux ; & arrêta dans les yeux du jeune prince des larmes prêtes à couler, des larmes qu’il auroit dû hâter en lui diſant : « Tiens, regarde les effets de ton ambition, de ta folie, de tes fureurs, des nôtres ; & ſens deſcendre ſur tes joues les gouttes de ſang qui tombent du laurier dont nous venons de ceindre ton front ». D’affligeantes réflexions me plongèrent dans la triſteſſe ; & ce ne fut pas ſur le champ que je repris le fil de mes idées, & que je dis :

La guerre fut de tous les tems & de tous les pays : mais l’art militaire ne ſe trouve que dans certains ſiècles & chez quelques peuples. Les Grecs l’inſtituèrent & vainquirent toutes les forces de l’Aſie. Les Romains le perfectionnèrent & conquirent le monde. Ces deux nations, dignes de commander à toutes les autres, puiſqu’elles s’élevèrent par le génie & la vertu, durent leur ſupériorité à l’infanterie, où l’homme ſeul eſt dans toute ſa force. Les phalanges & les légion menèrent par-tout la victoire ſur leurs pas.

Lorſque la molleſſe eut fait prévaloir la cavalerie dans les armées, Rome perdit de ſa gloire & de ſes ſuccès. Malgré la diſci-