Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/197

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pline de ſes troupes, elle ne put réſiſter à des nations barbares qui combattoient à pied.

Cependant ces hommes demi-ſauvages, qui, avec les ſeules armes & les ſeules forces de la nature, avoient ſoumis l’empire le plus étendu & le plus policé de l’univers, ne tardèrent pas à changer auſſi leur infanterie en cavalerie. Celle-ci fut proprement appelée la bataille, ou l’armée. La nobleſſe, qui poſſédoit ſeule les terres & les droits, ces apanages de la victoire, voulut monter à cheval ; & la populace eſclave fut laiſſée à pied, preſque ſans armes & ſans honneur.

Dans un tems où le cheval faiſoit la diſtinction du gentil’homme ; où l’homme n’étoit rien, & le chevalier étoit tout ; où les guerres n’étoient que des irruptions, & les campagnes qu’une journée ; où l’avantage étoit dans la célérité des marches : alors la cavalerie décidoit du ſort des armées. Durant le treizième & le quatorzième ſiècles, l’Europe n’avoit, pour ainſi dire, que de la cavalerie. L’adreſſe & la force des hommes ne ſe montroient plus à la lutte, au ceſte, dans l’exercice des bras & dans tous les muſcles du corps : mais dans les tournois,