Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/198

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à manier un cheval, à pouſſer une lance au galop. Ce genre de guerre, plus convenable à des Tartares errans qu’à des ſociétés fixes & sédentaires, étoit un des vices du gouvernement féodal. Une race de conquérans, qui portoit par-tout ſes droits dans ſon épée ; qui mettoit ſa gloire & ſon mérite dans ſes armes ; qui n’avoit d’autre occupation que la chaſſe, ne pouvoit guère aller qu’à cheval, avec tout cet attirail d’orgueil & d’empire dont un eſprit groſſier devoit la ſurcharger. Mais des troupes d’une cavalerie peſamment armée, que pouvoient-elles pour attaquer & défendre des châteaux & des villes, où l’on étoit gardé par des murs & des eaux ?

C’eſt cette imperfection de l’art militaire qui fit durer pendant des ſiècles une guerre ſans interruption, entre la France & l’Angleterre. C’eſt faute de combattans, qu’on combattoit ſans ceſſe. Il falloit des mois pour aſſembler, pour armer, pour mener en campagne des troupes qui n’y devoient reſter que des ſemaines. Les rois ne pouvoient convoquer qu’un certain nombre de vaſſaux, & à des tems marqués. Les ſei-