Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/201

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

terie faiſoient, dans les eſcadrons, un ravage plus difficile à réparer que dans les bataillons. Enfin les hommes pouvoient s’acheter & ſe diſcipliner à moins de frais que les chevaux : c’eſt ce qui fît que les rois eurent aisément des ſoldats.

C’eſt ainſi que l’innovation de Charles VII, funeſte à ſes ſujets, du moins pour l’avenir, préjudicia, par ſon exemple, à la liberté de tous les peuples de l’Europe. Chaque nation eut beſoin de ſe tenir en défenſe contre une nation toujours armée. La politique, s’il y en eût eu dans un tems où les arts, les lettres & le commerce n’avoient point encore ouvert la communication entre les peuples, la politique étoit que les princes euſſent attaqué tous à la fois celui qui s’étoit mis dans un état de guerre continuel. Mais au lieu de l’obliger à poſer les armes, ils les prirent eux-mêmes. Cette contagion gagna d’autant plus vite, qu’elle paroiſſoit le ſeul remède au danger d’une invaſion, le ſeul garant de la sécurité des nations.

Cependant on manquoit par-tout des connoiſſances néceſſaires pour diſcipliner une infanterie, dont l’importance commençoit à