Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/202

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ſe faire ſentir. La manière de combattre que les Suiſſes avoient employée contre les Bourguignons, les avoit rendus auſſi fameux que formidables. Avec de peſantes épées & de longues hallebardes, ils avoient toujours renversé les chevaux & les hommes de la milice féodale. Impénétrables eux-mêmes, marchant en colonnes épaiſſes, ils abattoient tout ce qui les attaquoit, tout ce qu’ils rencontroient. Chaque puiſſance voulut avoir de ces ſoldats. Mais les Suiſſes ſentant le beſoin qu’on avoit de leurs bras, & ſe faiſant acheter trop cher, il fallut ſe réſoudre à s’en paſſer, & compoſer par-tout une infanterie nationale, pour ne pas dépendre de ces troupes auxiliaires.

Les Allemands furent les premiers à recevoir une diſcipline qui ne demandoit que la force du corps, & la ſubordination des eſprits. Sortis d’une terre féconde en hommes & en chevaux, ils atteignirent preſque à la réputation de l’infanterie Suiſſe, ſans perdre l’avantage de leur cavalerie.

Les François, plus vifs, adoptèrent avec plus de peine & de lenteur, un genre de milice qui contraignoit tous les mouvemens,