Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/203

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& qui ſembloit exiger plus de patience que de fougue. Mais le goût de l’imitation & de la nouveauté prévalut chez une nation légère, ſur cette vanité qui eſt amoureuſe de ſes uſages.

Les Eſpagnols, malgré l’orgueil qu’on leur reproche, enchérirent ſur les Suiſſes, en perfectionnant la diſcipline de ce peuple, guerrier. Ils composèrent une infanterie qui fut tour-à-tour la terreur & l’admiration de l’Europe.

À meſure que l’infanterie augmentait, ceſſoient par-tout l’uſage & le ſervice de la milice féodale, & la guerre s’étendoit de plus en plus. La conſtitution nationale n’avoit guère permis durant des ſiècles aux différens peuples, de franchir les barrières de leurs états pour aller s’égorger. La guerre ne ſe faiſoit que ſur les frontières, entre les peuples limitrophes. Quand la France & l’Eſpagne eurent eſſayé leurs armes à l’extrémité la plus reculée de l’Italie, il ne fut plus poſſible de convoquer le ban & l’arrière-ban des nations ; parce que ce n’étoient pas réellement les peuples qui ſe faiſoient la guerre, mais les rois avec leurs troupes, pour la