Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/67

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On y auroit trouvé du logement & des ſecours. Mais la fauſſe idée dont on étoit prévenu, de ne pas mêler la nouvelle colonie avec l’ancienne, fit rejeter cette reſſource. Par une ſuite de cet entêtement, on dépoſa dans les iſles du Salut ou ſur les bords du Kourou, ſous la toile & dans de mauvais angars, douze mille malheureux. C’eſt-là que, condamnés à l’inaction, à l’ennui, à la privation des premiers beſoins, aux maladies contagieuſes qu’enfantent toujours des ſubſiſtances corrompues, à tous les déſordres que produit l’oiſiveté dans une populace tranſportée de loin ſous un nouveau ciel, ils finirent leur triſte deſtinée dans les horreurs du déſeſpoir. Leurs cendres crieront à jamais vengeance contre les inventeurs, contre les fauteurs d’un projet funeſte qui a fait tant de victimes : comme ſi la guerre dont elles étoient deſtinées à combler les vuides, n’en avoit pas aſſez moiſſonné dans le cours de huit années.

Pour qu’il ne manquât rien au déſaſtre, & que les 25 000 000 employés au ſuccès d’un ſyſtême abſurde fuſſent entièrement perdus, l’homme chargé de mettre fin à tant de calamités, crut devoir ramener en Europe deux