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LES NUITS CHAUDES DU CAP FRANÇAIS


tention insupportable, de la physionomie, un air langoureux qui plaisent ; je sais aussi que Mme de Mauduit, qui l’a vue se baigner nue, dit qu’elle a le corps bien fait, mais Mme de Mauduit aurait-elle du goût et de la vue, et Mme de Létang serait-elle la plus belle des femmes, est-ce une raison, pour s’habiller de la sorte quand on va voir une amie et visiter un moulin ? Toute cette coquetterie est d’un fâcheux exemple pour Agathe, qui l’accompagnait, d’autant plus qu’Agathe, habillée elle-même d’une simple robe de mousseline, devait être jalouse de sa mère. Comme je faisais mes compliments à Mme de Létang sur sa toilette, elle s’est retroussée pour me montrer son jupon. L’abbé de La Pouyade était présent, elle n’a manifesté pourtant aucun embarras ; je dois ajouter que l’abbé ne laissait voir non plus aucune gêne, et donnait son avis sur la coupe des jupons comme une marchande de modes ; je remarquai seulement un sourire malicieux sous son nez en bec de corbeau qui semble fureter partout.

Ces manières déplacées non seulement sont nuisibles pour la réputation, mais elles ont causé un accident des plus préjudiciables au moulin. Une négresse travailleuse et excellente ouvrière, nommée Jacqueline, voyant paraître une si belle toilette, n’a pu s’empêcher d’y prêter attention ; or Jacqueline était justement occupée à pousser des cannes entre les tambours ; comme les paquets qu’apportent les cabrouetières sont quelquefois assez gros, il faut les pousser avec force pour qu’ils s’introduisent entre les tam-