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LES NUITS CHAUDES DU CAP FRANÇAIS


docteur, j’approchai un banc et montai dessus ; de la sorte, le visage encadré de deux feuilles de raisinier, je pouvais découvrir tout ce qui se passait dans la chambre. Mais Dubousquens, vaincu avant de combattre, avait déjà fait soumission.

Il essayait d’enlacer Zinga qui détournait de lui le visage :

— Pardon, disait-il, je ne voulais pas t’offenser.

— Jamais, répliqua-t-elle.

Elle parvint à desserrer les mains qui la tenaient et gagna la porte. Dubousquens courut après en criant :

— Où va-t-elle ? Elle est folle, cette fille !

— Non, répondit Zinga, je ne suis pas folle. Je pars. Tu ne me reverras plus.

Il eut un sourire railleur et plein de dédain :

— Et quand viendras-tu me demander de l’argent ?

Zinga lui jeta un coup d’œil féroce ; je crus qu’elle allait se précipiter sur lui. Elle dénoua seulement l’extrémité de son mouchoir de soie, y prit des pièces d’or et les lança violemment contre la muraille ; puis, comme écrasée par l’émotion, elle alla tomber sur un canapé en sanglotant. Dubousquens parut très embarrassé de ce chagrin. Il s’employa pourtant le mieux qu’il put à la consoler.

— Non, répétait-elle à toutes ses protestations, je n’ai pas besoin de tes belles paroles, ni de tes pièces d’or : tu m’as méprisée…

— Oh ! grand Dieu ! s’écriait Dubousquens.

— Si ! tu as cru que j’étais une de ces putains que