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DE L’ITALIE ET DE L’INDE.

forme. De là vient qu’en ce pays on croit que le dieu de la destruction préside à la génération, en signe de quoi il est monté sur un taureau blanc. Peut-on douter que les amours et les actions de Jupiter Genitor (sans oublier le taureau blanc d’Europe), et son titre extraordinaire de Lapis, dont on ne donne pas une raison satisfaisante, n’aient des rapports avec la philosophie et la mythologie indiennes ? Quant au dieu de Lampsaque, ce n’étoit originairement qu’un épouvantail, et il ne doit avoir place dans aucun système mythologique. À l’égard de Bacchus, dieu des vendanges, dont les actes, comme l’observe Bacon, offrent une ressemblance étonnante avec ceux de Jupiter, ses images ithyphalliques, ses dimensions et ses cérémonies faisoient probablement allusion à l’affinité supposée de l’amour et du vin ; à moins de croire qu’elles appartinrent dans l’origine à Sîva, qui, parmi ses noms, a celui de Wâguîs ou Bâguîs ( 88), et qu’elles furent dans la suite appliquées mal-à-propos. Quoique, dans un Essai sur les dieux de l’Inde, contrée où il est positivement défendu aux Brahmanes de goûter des liqueurs fermentées, nous ayons peu à nous occuper de Bacchus en sa qualité de dieu du vin, lequel n’étoit, suivant toute apparence, que le président imaginaire des vendanges en Italie, dans la Grèce et dans l’Asie mineure, nous ne devons pas passer sous silence Sourâdêvî (89), déesse du vin, qui, au rapport des Hindous, naquit de l’océan, lorsqu’il fut battu avec le mont Mandar (90) : or cette fable semble indiquer que les Indiens venoient d’un pays où l’on faisoit anciennement du vin, et où cette liqueur étoit considérée comme un bienfait des dieux, quoique les dangereux effets de l’intempérance eussent engagé leurs premiers législateurs à prohiber l’usage de toutes les boissons spiritueuses ; et il seroit bien à souhaiter qu’une loi aussi sage n’eût jamais été enfreinte.

Nous pouvons ici faire mention du Jupiter marin, ou Neptune, des Romains, comme ressemblant à Mahâdêva (91) dans son caractère générateur ; sur-tout parce que ce dieu est l’époux de Bhavânî, dont le rapport avec les eaux est clairement prouvé par la cérémonie où on leur restitue l’image de cette déesse à la fin de sa grande fête appelée