Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Colombine.

Oui, cela se passera avec un mari. Franchement, le métier de fille est bien ennuyeux, quand on veut le faire avec honneur. Je sais ce qu’il m’en coûte tous les jours pour conserver le peu de réputation qui me reste.

Isabelle.

Que veux-tu donc dire ?

Colombine.

Mon Dieu ! Je m’entends bien. Il y a des saisons dans l’année terriblement rudes à passer. Quand j’entends chanter l’alouette, ma vertu est à fleur de corde ; et c’est une saison bien chatouilleuse que le printemps.

Isabelle.

Tu te moques, Colombine : c’est la saison qui me fait le plus de plaisir ; le beau temps revient.

Colombine.

Mais les officiers s’en vont à la guerre.

Isabelle.

La campagne rit…

Colombine.

Oui, et Paris pleure.

Isabelle.

Les arbres reverdissent.

Colombine.

Et les filles sèchent sur pied. Je parie que c’est dans ce temps-là que vous êtes le plus dégoûtée de votre emploi de fille.