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LES ARYAS ET LES INDOUS

splendeurs et des terreurs de la nature. C’est de la poésie savante, sacerdotale, compliquée et obscure à dessein, parce que les prêtres, qui vivaient de l’autel, entendaient s’en réserver le monopole ; à parler franc, les trois quarts et demi du Rig-Véda sont du galimatias. Les indianistes le savent et en conviennent volontiers entre eux.

19. Les Brâhmanas, explication en prose du rituel, sont l’œuvre des Brahmanes constitués en caste, successeurs des prêtres védiques. Ce sont des commentaires sur les Védas, considérés comme divins et infaillibles, mais que les Brahmanes comprenaient déjà moins bien que nous. On y trouve des légendes qui manquent aux Védas, par exemple celle du déluge. L’importance du sacrifice est encore accrue : il ne fortifie pas seulement les dieux, il les crée. Les Brahmanes sont censés posséder le brahma, force magique qui leur donne pouvoir sur les esprits ; les honneurs qu’ils revendiquent pour eux-mêmes sont quasi divins. « Il y a deux espèces de dieux : d’abord les dieux et puis les Brahmanes, qui ont appris le Véda et le répètent. »[1] Les quatre classes sociales sont constituées, sans pourtant que cette division offre encore la rigueur intolérante qu’elle affecte dans la législation de Manu. Entre les Brahmanes et les guerriers se dessine une rivalité d’où naîtront plus tard les grandes hérésies.

20. S’il y a mille extravagances dans les Brâhmanas, il n’en manque pas dans les Upanishads (« séances »),

  1. Max Müller, Ibid., p. 387.