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CODE DE MANU

spéculations théosophiques fondées sur les Védas, que l’on crut divins d’un bout à l’autre. Les Upanisbads n’en restent pas moins à la source de tous les mouvements intellectuels de l’Inde, même de notre temps.

21. La même foi dans l’infaillibilité des Védas « racine de la loi, œil impérissable, soutien de toutes les créatures »[1], se manifeste dans le code dit de Manu, compilation du droit coutumier du nord de l’Inde, rédigée en vers après l’ère chrétienne. Ces lois insistent sur les devoirs envers les morts et sur les sanctions futures résultant de la migration des âmes : les bons s’élèveront dans l’échelle des êtres, tandis que les méchants seront abaissés. Par exemple, un homme vertueux renaîtra dans la caste des Brahmanes ; un voleur de blé deviendra un rat.

22. Au brahmanisme se rattachent encore deux systèmes philosophiques qui ont exercé une grande influence sur la pensée de l’Inde. Le Vedânta (accomplissement du Véda), systématisé au viiie siècle après Jésus-Christ par Sankara, affirme l’identité de l’âme individuelle avec l’âme universelle ; le monde extérieur n’est qu’une illusion (mâyâ) ; le but de la vie n’est pas la vertu, mais la connaissance, car elle seule peut élever l’homme jusqu’à l’esprit divin. À ce panthéisme s’oppose le réalisme de l’école dite Sânkhya, fondée, disait-on, par Kapila, qui reconnaît la pluralité des individus et l’existence de la matière comme celle de l’esprit. Lorsque celui-ci comprend son essence, il peut se dégager de la matière et remplir sa destinée.

  1. Ibid., p. 350.