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UNIVERSALISME ET ASCÉTISME

il n’admit ni sacerdoce, chacun devant faire son salut lui-même, ni sacrifices, parce qu’il n’y a pas de dieux à qui les offrir. Les Brahmanes, lésés dans leurs intérêts, le poursuivirent et tentèrent même de l’assassiner. Si le Buddha ne condamna pas le régime des castes, il l’abolit du moins implicitement en ouvrant les rangs de sa confrérie à tous les hommes sans distinction de naissance. Sa religion, comme le christianisme de saint Paul, fut universaliste.

28. L’idée qui la domine n’est pas nouvelle : c’est celle du vieil ascétisme indou. La vie est une souffrance, entre des existences passées et des existences futures qui furent et seront aussi pleines de tristesse. Le suicide ne nous délivrerait pas, car il n’empêcherait pas la renaissance. Ce qu’il faut, c’est tuer par le renoncement le désir de vivre ; ceux qui le tuent complètement ne renaîtront pas ; ceux qui le suppriment à moitié renaîtront sous une forme moins matérielle et pourront alors travailler à ne plus renaître. Point n’est besoin des tourments que s’infligent les ascètes : il suffit de réduire au minimum ce qui nous attache à la vie. La vertu, la charité envers les hommes et les animaux ne sont pas des biens en soi, mais des formes du renoncement à l’égoïsme ; il faut donc les pratiquer sans relâche, car l’affranchissement est un des fruits de l’amour. Quand toute volonté de vivre est épuisée, l’homme entre dans le nirvâna ; il peut y entrer, comme le Buddha lui-même, de son vivant ; donc le nirvâna n’est pas la mort matérielle ; c’est le détachement absolu, la mort dans la vie, le non-être.

29. Pour atteindre cet idéal, l’état de moine men-