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le péril bleu

la fois rieur et décontenancé. « Si le stratagème est efficace, pourquoi le tenir caché ? »

— « Pour diverses raisons, mais, avant tout, parce qu’il existe présentement un autre moyen de s’immuniser, qui est le fruit de l’empirisme et qui vaut certes mon procédé, résultat du calcul. Ce moyen, c’est justement celui que vous rejetez et qui consiste à se réunir en force, au large des habitations. Cela, c’est connu ; tout le monde accepte cette obligation temporaire ; et ceux qui refusent de s’y soumettre — imbéciles, fortes têtes ou bravaches (soit dit sans vous offenser) — ne voudraient pas non plus de mon système. »

— « Il y a du vrai là-dedans… »

— « Seulement… seulement… ces deux préservatifs… Le premier, le populaire, est-ce qu’il aura toujours de l’action ?… Et le second, le mien, est-il parfait ?… Est-ce par hasard que les Sarvants ne m’ont pas emporté lors de cette première expérience ? Serait-ce qu’ils ne m’ont pas vu ?… Si paradoxal que cela puisse paraître, je le désire de tout cœur, savez-vous ! Car, pour peu que soit vérifié ce coin de ma théorie, toute ma théorie se trouve exacte ; et alors… »

Il se passa la main sur le front, comme en face d’apparitions effroyables. Or sa main frissonnait et la sueur perlait à son front.

— «… Et alors, mon cher, vous n’avez pas dîné », termina Maxime. « Vous avez faim. Estomac vide : cerveau creux. L’inanition vous fait divaguer. »

— « Monsieur Maxime, » dit Robert, « je donnerais ma vie pour me tromper. »