Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/142

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de la Cour, car nous n’allons pas perdre un instant pour interjeter appel de ce jugement inique.

— Si M. Noblet était seul, je l’estime assez encore pour être convaincue qu’il n’userait pas de violence. Malheureusement mon père est près de lui ; j’ai donc tout à craindre !

— Alors quelles sont vos intentions ? Vous recevrez certainement demain ou après signification du jugement et sommation de rejoindre votre mari.

— Je n’obéirai pas ! Si on veut m’emmener de force, eh bien ! nous verrons ! Ah ! la coupe d’amertume est pleine ! M. de Tiessant ne s’est donc jamais dit que je puis avoir dans les veines un peu de son sang de lutteur et, dans le cœur, un peu de son orgueil ?

Éva était superbe dans cet accès de révolte. Une transformation étrange semblait s’être faite en elle. Me Mansart, qui ne l’avait jamais vue que douce et soumise, la regardait avec stupeur. Mme Bertin l’admirait.

Mais ce n’était là qu’une crise de colère. Tout à coup, cette surexcitation disparut et l’infortunée fondit en larmes, en murmurant à l’oreille de sa tante qui l’avait reçue dans ses bras :

— Et lui aussi, comme il doit souffrir !