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LE PALAIS-ROYAL


TANDIS que des journalistes mensongers répandent le venin et la terreur ; tandis que des âmes atroces cherchent à détruire la confiance, et, par un air de tristesse, aggravent nos malheurs, ne serait-il pas à propos de montrer que la nation a conservé le goût du plaisir, qu’elle n’est point accablée, et qu’elle peut rire encore ? Nous donc, célibataire jadis célèbre, un peu singulier, peut-être bizarre, avons entrepris de ramener la nation à des idées plus douces, et tout en attaquant les abus, de présenter quelquefois l’attrait du plaisir. Nous allons former une galerie de tableaux gaîment-tristes ; nous allons imiter Timothée, Grétri, Daleyrac, qui calment la fougue des passions terribles par le charme de la musique ; nous allons tracer tantôt les aventures originales d’infortunées, dévouées aux plaisirs, comme au mépris public ; tantôt celles moins révoltantes, de ces jeunes créatures, qu’on emploie, soit à la restauration, soit à l’amusement de riches vieillards.

Puissions-nous intéresser ! Puissions-nous quelquefois faire jaillir une étincelle de consolation du sein ténébreux du désordre ! ... Puissions-nous être moraux, au sein de l’immoralité ! Puissions-nous, par d’autres vapeurs, éloigner de quelques citoyens, les fuligineuses et coupables chimères de quelques journalistes atroces, calomniateurs des Pères-du-Peuple !

Hommes publics ! nous vous dévoilons les abus : notre tâche est remplie ; c’est à vous seuls qu’il appartient de les corriger.