Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 1, 1883.djvu/149

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le tombeau d’une vierge aussi attachée à sa virginité que la belle Reine d’Alise. Cependant, en cas de maladie ou de faiblesse habituelle, le pèlerinage d’Harbeaux, ou Herbeaux, remplaçait celui de Sainte-Reine. Il est à observer, qu’à Sacy, il était défendu aux amoureux d’accompagner leurs promises à ce pèlerinage virginal, qui se faisait aux fêtes de Pentecôte, c’est-à-dire six mois avant le mariage arrêté ; car les paysans ne se marient chez nous qu’après les semailles, entre la Saint-Martin et les Avents. La cérémonie ne se faisait pas autrefois dans l’église, mais à la porte appelée des Épousailles[1]. À Nitry, on bravait la défense d’accompagner sa maîtresse, ou du moins on l’éludait ; car on viole toujours la loi qui contrarie dans une chose agréable : les garçons s’entendaient entre eux, et chacun disait en partant, qu’il accompagnait Catiche, ou Dodette, qui étaient les maîtresses d’un autre, et cet autre se déclarait pour mener l’accordée de celui qui menait la sienne. Par cet arrangement, quelquefois imité à Sacy, tout allait comme auparavant la loi, qui avait été portée par Messire Nicolas Potier, prédécesseur de Messire André Pinard, qui l’était de Messire Antoine Foudriat.

Jacquot parti, le troupeau se trouvait sans gar-

  1. Elle est aujourd’hui murée, et mon père ainsi que ma mère sont enterrés auprès, comme je l’ai dit du père et de la mère d’Edmond dans le Paysan perverti. Y puissè-je reposer un jour, sous une tombe où seront inscrits les titres de mes ouvrages !