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1746 — MONSIEUR NICOLAS

car ma mère gênait nos entretiens, Pierre me fit une autre histoire : le conte obscène que j’ai adouci, pour le placer à la fin de la Confidence nécessaire. Il m’en fit ensuite un cinquième, celui de Mellusine, employé dans O. Ribaud ; puis un sixième, qui est dans le même ouvrage, et qui m’a paru, depuis, une imitation de la Circé des Grecs : j’en ai mis d’autres petits, dans le trente et unième volume des Contemporaines. Il me dit le conte des Fils ingrats, dont Piron s’est servi et dont je n’ai pas encore fait usage. Enfin, il hasarda une histoire, et ce fut la dernière, qui était moins un conte qu’un trait arrivé à lui-même ; ce qui aurait dû me le faire connaître et m’inspirer de la défiance. Mais j’étais trop peu expérimenté. J’avais, d’ailleurs, une qualité qui tourna au préjudice de ma famille et au mien, c’était une grande discrétion ! Si j’avais eu le défaut opposé, je prévenais un attentat sur une de mes consanguines ; attentat qui, dans la suite, a sans doute causé sa perte.

Christine.« Lorsque j’étais berger à Coutarnoux, chez M. Gouneaux, il y avait trois filles dans la maison. Les deux aînées étaient très jolies ; mais la première, qui s’appelait Amable, était fière et me méprisait ; la seconde, nommée Dorothée, était bonne, mais elle n’aimait pas à jouer. Or Christine, la troisième, était une petite éveillée toujours, dansant, toujours folâtrant : elle venait m’agacer dix fois le jour. Mais elle n’avait guère que douze à treize ans. On devait la faire religieuse, et elle le savait bien ; aussi me disait-elle quelquefois : — « Coucourt ? j’aimerais