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1746 — MONSIEUR NICOLAS

désirer plus vivement les détails). « j’aurai quelque chose à te dire, si tu ne me caches rien. » Alors Courtcou, qui ne voulait qu’être pressé, me fit le tableau le plus obscène. — « Que tu es singulier ! » lui dis-je : et cependant son révoltant discours me donna le goût de ses écarts ! (Mastuprarat, fellaverat, mammaverat, tandem futuerat ingentibus conatibus ; postea pluries vitiatam puellan irrumarat). Il continua :

« Quand je rapportai Christine, je trouvai sa sœur Dorothée bien en colère ! — « Je vous assure que je n’aurais pas consenti à ta fantaisie, ma sœur, si j’avais prévu que vous seriez si longtemps ! » Depuis cette première fois, Christine trouvait tous les jours moyen de se glisser dans mon étable ou dans le chaffaud. Et un soir, ayant trouvé sa belle, parce que ses sœurs avaient oublié de l’enfermer, elle vint coucher avec moi sur mon mauvais châlit. Ha ! comme je l’houspillai !… Je la reportai ; car elle ne pouvait se soutenir, tant je l’avais fatiguée !… Malheureusement, les chiens aboyèrent bien fort ; mais, m’ayant reconnu, ils vinrent me caresser en hurlant, ce qui fit encore plus de mal. Je remis pourtant ma… coucheuse à sa porte ; mais je fus vu dans la cour ; ce qui fit que je me préparai une réponse en montant sur le fumier… Notre petit commerce dura bien encore six semaines.

Mais un matin, voilà que mon maître entra dans l’étable aux brebis : — « Ton compte, » me dit-il ; « et dépêchons… Si, dans une heure, tu es à Courtarnoux… » Je ne sus que dire ; mais je pensai que le loup, ayant mangé deux ou trois fois des moutons, il