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1746 — MONSIEUR NICOLAS

les fait tuer par des voleurs pactés, ou il les fait mourir de mort subite… Vous savez (car je vous l’ai dit cent fois), que le Diable n’est pas aussi méchant qu’on le fait : il tient fidèlement ses promesses ; jamais il n’y manque, car il ne le peut pas, et il ne fait du mal que quand on l’a trompé… Sus donc ! faisons un bon pacte avec le Diable, qui nous servira à tout ce que nous voudrons, à telles et telles conditions, bien faciles, comme de mettre son doigt sur sa bouche ou dans son oreille, une fois par an, tel jour qu’on voudra, etc. » Je fus si étonné, que je ne pus répondre. — « Écoutez, » continua Courtcou, « il faut d’abord le voir, avant de pacter : nous agirons d’après cela si ses réponses nous conviennent. Mais je suis sûr que par son moyen, en disant deux mots, nous aurons ici toute personne, toute fille qui aura déjà fauté, comme Nannette, Julie, Christine, la Cormonote du Vaudupuis, qui a fait un enfant depuis la mort de son mari, etc… Nous aurions aussi, mais d’une autre manière, Edmée Boissard, Ursule Lamas, votre Marie Fouard, Madeleine Champaut, et toutes les jolies filles, en représentation ; le Diable ferait sortir de l’enfer de jeunes et jolies damnées, qu’il leur ferait ressembler trait pour trait ; et nous ferions une bonne action, qui serait de procurer à ces pauvres malheureuses, qui souffrent toujours, un moment de bon temps. — Ha ! comment pourvoir regarder le Diable ! » dis-je en