Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 1, 1883.djvu/249

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frissonnant d’horreur ; mais, je l’avoue, la proposition piqua ma curiosité, flatta d’autres passions et diminuait l’horreur de pacter… — « Nous le pourrons en n’en ayant pas peur : car, dés qu’il voit qu’on a peur de lui, cela l’enhardit et il fait le méchant… J’ai entendu lire, dans le Livre des Bergers, une recette ou conjuration ; mais où trouver ce livre ? Si je ne me trompe, il est chez vous ; j’en ai vu, l’autre jour, entre les mains de votre frère Boujat, un tout pareil ; je l’ai reconnu aux images. Chaque mois de l’année y est représente avec ses attributs ; Mai emmène en croupe derrière lui, sur son cheval, une belle jeune fille ayant un chapeau de fleurs. Il y a des processions, des cérémonies, des apparitions en images. Tâchez de le prendre ; vous me le lirez tout entier ; je reconnaîtrai bien la conjuration et je l’exécuterai. » Je demandai le livre à ma sœur Margot et je l’obtins facilement.

Je courus aussitôt le lire à Courtcou. Nous y trouvâmes en eftet, à la suite du récit de la résurrection du Lazare, et de tout ce qu’il a vu pendant son séjour dans l’autre monde, une manière d’évoquer le Diable, que Courtcou m’assura être la même que celle dont les bergers faisaient usage :

Comment un Berger doit évoquer le Diable,
pour lui parler en face.

Évocation.Il faut tuer un chat noir (nous en avions un très